top of page
Rechercher
christophecan

Je suis humano-sceptique

Dernière mise à jour : 17 nov. 2019

Je suis humano-sceptique. J’ai des doutes sur le réchauffement de l’humanité. Elle s’échauffe certes mais ne se réchauffe pas encore. Elle s’échauffe contre les gouvernements sourds et les économies folles. Mais à force elle devra prendre garde de ne pas se tromper de combat et de tourner la tête non pas seulement vers la fièvre planétaire mais aussi vers l’hypothermie humaine. Ce n’est pas la planète qu’il faut sauver, c’est l’humanité. La planète, elle, finira par s’en sortir. Elle prendra les mesures nécessaires à sa préservation même si c’est au prix d’une extinction massive. La planète n’est pas comme nous. Elle va à l’essentiel et ne tergiverse pas quand la vie est en jeu. Pendant ce temps, notre petite humanité thermo-industrielle s’inquiète des signes de récession économique et s’effraie de perdre des points de croissance.


Alors ne nous trompons pas de front. Ce n’est pas pour la planète qu’il faut aller marcher, c’est pour l’humanité. Non pas pour la sauver de l’extinction mais plutôt d’elle-même et de sa folie. C’est bien de cela dont le pape, le dalaï-lama, Yann Arthus Bertrand et bien d’autres grandes figures parlent lorsqu’ils clament que la solution est spirituelle. Il ne s’agit pas seulement de changer nos habitudes de vie ou nos modes de consommation. Derrière ces arguments transpire encore la peur de perdre l’essentiel : cette idée que tout s’accroît, que nous sommes libres de vivre comme bon nous semble et que « nous avons alors nous sommes ». Nous finirons de toute façon par changer nos habitudes lorsque des mesures coercitives et impopulaires limitant drastiquement nos libertés individuelles seront prises par des gouvernements aux abois. À ce moment-là peut-être prendrons-nous conscience de l’ampleur de la refondation nécessaire et commencerons-nous à nous réchauffer.


Soyons honnête. Quand l’enjeu est la disparition de toute ou partie de la vie sur terre, croyons-nous vraiment qu’il ne s’agisse que de changer nos modes de vie ? Non ! C’est un renversement radical de la conscience et de notre place dans le monde qui est requis. Tout comme la révolution industrielle a réchauffé l’atmosphère, la révolution spirituelle conduirait au réchauffement de l’humanité par émission de chaleur issue du partage des ressources que notre développement ahurissant confisque au reste du monde, du don de nos surplus inutiles qui encombrent nos vies, de l’aide apportée aux populations en déroute et de l’indéfectible lien humain et social que ceci produit irrémédiablement. Beau programme sans doute mais dont nous sous-estimons tous, le bouleversement intérieur exorbitant qu’il implique pour cette incompressible partie de nous-mêmes qui puise son intégrité existentielle dans ce confortable et chaleureux sentiment d’avoir, d’accumuler et de posséder. Nous souffrons d’une terrifiante obésité psychique qui oppose aujourd’hui le principal rempart aux changements nécessaires à l’évolution. Nous qui, par ces boursoufflures, verrouillons notre sécurité ontologique et notre raison d’être vivants. C’est pourquoi seul un immense choc de la conscience permettra un bouleversement radical pour faire naître une autre vision du monde que les sages qui parsèment la planète, toutes traditions confondues, font exister comme solution possible depuis bien longtemps.


Il n’est cependant pas nécessaire d’attendre le choc pour s’y préparer et apprendre d’ores et déjà à passer des poings fermés qui retiennent, protègent et frappent aux mains ouvertes qui donnent, partagent et caressent. Là où tout commence par de petits gestes, celui-ci est le plus grand que nous puissions faire. Elle est là la révolution spirituelle car il ne s’agit pas seulement de le décider mais d’entamer un cheminement concret, exigeant et sans concession qui nous donne l’inouïe force du cœur qu’il faut pour ouvrir nos mains. Vision idyllique me direz-vous ? Peut-être. Mais honnêtement au cœur des ombres du monde, la solution spirituelle, loin d’être une idylle, est au contraire un combat au corps à corps contre le passéisme mais avant tout contre nous-mêmes. Et dans ce combat, l’Humanité en sort toujours vainqueur.


Auteur: Christophe Roux-Dufort










50 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comentarios


bottom of page